(Article du Monde sur l'entreprise d'appareils photos Lomo)
Il y a une chose que je n'ai toujours pas comprise, malgré les deux pages de l'article, c'est comment on peut faire des photos en argentique et les tirer à l'envie sans se préoccuper à aucun moment du résultat. A quel endroit se situent les procédures de développement ? Et c'est gratuit que tout à l'air si merveilleusement simple ?
Où sont passés les journalistes, qui désormais transmettent les histoires commerciales avec une joyeuse empathie ?
Derrière le kitsch, l'actionnism, mai 68... bref, toute une panoplie marketing version storytelling, n'y a-t-il pas plus simplement une distinction branchée sur des comptes en banque bien approvisionné ?
Parce qu'enfin plus qu'en espace démocratique où n'importe quelle photo peut exister comme ce serait l'oeuvre collective qui vaudrait plus que l'oeuvre individuelle, je ne pense pas qu'il faille chercher si loin, dans une totale nouveauté de fond en comble. Ils ont déplacé le signe signifiant, important, du fond vers la forme, celle-ci n'étant par ailleurs pas aux mains des utilisateurs, mais donnée par l'instrument technique ; de plus, n'importe quel cliché, du fait seulement qu'il soit produit par cette technique, ayant le droit d'exister, il faut bien payer pour cela, ce n'est pas du numérique cable usb et sélection au clic. Il n'est pas spécialement question d'oeuvre collective, plutôt d'indifférenciation au profit de la seule fascination pour un objet technique (à cet égard Lomo emprunte beaucoup à la facilité d'utilisation, et donc la "démocratisation", valorisée par le numérique). L'objet technique fait signe, la reconnaissance se fait sur ce signe : tous égaux dans la capacité d'appuyer sur le déclencheur. Coup remarquable de marketing qui répond à une question de fond du marketing contemporain, empruntée jusqu'aux domaines des sectes, de la politique et du rock : comment établir une place commerciale, et sur laquelle se tiendraient plusieurs millions d'adeptes ?
Pour avoir loyalement diffusé la belle histoire, j'espère au moins que le journaliste du Monde s'est fait rémunérer par l'entreprise.
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