mercredi 31 mars 2010

La discrimination en France

En chinois, le France se dit littéralement « le pays de la loi ». A savoir qu'en France, la discrimination passe par la loi. On ne vous extermine pas parce que vous êtes noir ou juif, mais on vous renvoie dans un pays où vous êtes en danger parce que vous n'êtes pas en règle avec la loi.

mercredi 17 mars 2010

Crime et littérature : la déviance nous traversait, désormais elle nous borde

Intérêt des écrivains pour le crime. Dostoïevski : intérêt pour la psychologie, mais pour le thème du crime lui-même n’est-ce pas un intérêt pour l’anomie, pour la rupture du contrat social, le crime en fût-il cause ou conséquence ?

De nos jours le crime relève plus de la folie individuelle. Et l’on tue seulement un individu : homme ou femme, tel âge, marié ou pas, tant d’enfants, profession, nom du chien et taille de l’iphone. Ou l’on peut tuer un ensemble de gens, et comme ce n’est pas un groupe (un collectif) cela touche d’emblée tout le monde : dans les corps morts du métro les individus sont interchangeables. La folie peut être idéologique, de la religion en particulier, les autres ont tendance à disparaître – et quand elles étaient actives ce n’est pas de la folie, mais des luttes autour du contrat social. Elle est surtout psychologique, soit dépendant d’une maladie spécifique, il y a des modes et des lieux de traitement pour les schizophrènes, soit relevant d’une perte de contrôle de soi aussi soudaine que passagère.

Le crime peut devenir alors la voie par laquelle on observera l’étourdissement, l’évanouissement, la stupeur, la perte de contrôle. Mais aussi, au contraire, l’attachement fou furieux ou hyper rationnel, deux pôles opposés, à un carcan idéologique, une religion, une position sociale… parce que là chaque fois le crime peut se faire jour et devenir, sous les auspices de ce microclimat, si l’on peut dire en répétant l’erreur de Montesquieu, du monde clos dans lequel le meurtrier vit, parfaitement légitime. Et concernant ce dernier crime, quand le crime était affaire de lien social, il y avait compréhension de ce régime du crime, qu’elle soit au niveau individuel au niveau macrosocial (un paysan tue un noble, Raskolnikov une usurière). Raskolnikov, et le livre de Dostoïevski, est peut-être à la croisée de ces deux temps, un peu comme, plus tard, les surréalistes.

Cela pose deux bornes entre lesquelles il ne saurait y avoir de crime : ne pas être trop enfermé, ne pas être trop ouvert. Etre un citoyen rationnel qui se tenir entre ces deux bornes. C’est l’idéal bourgeois, mais aussi des sociétés totalitaires dépeintes par nombre d’écrivains. Et cela passe par les outils techniques : pour être capable de se servir normalement d’un ordinateur, d’un interphone, d’un téléphone, d’un contrôle d’identité par quelque moyen que ce soit, etc. Enfermé et ouvert jusqu’à la perte de soi, mais aussi deux bornes dans un autre sens bien qu’elles reviennent un peu au même : être constamment présent à soi, mais ne pas l’être trop. Autrement dit s’inclure dans les dispositifs techniques qui sont proposés socialement, et trouver confiance en eux (cf. la thèse d’Emmanuel Belin, qui propose toute une sociologie des espaces potentiels par l’étude de ces dispositifs techniques).

L’intérêt pour le crime pourrait alors se conjuguer avec celui d’un échec d’une telle posture bien comme il faut : quand ce n’est plus possible, quand on n’y arrive pas, quand il y a blocage, quand on ne le veut pas, quand on pète un plomb, etc. Et tout aussi bien, à l’inverse, quand on ne respecte pas ces dispositifs (abus de biens sociaux, crimes économiques, etc.). Ce qui donne l’image suivante : nous sommes au centre, et le crime est aux bords.
 
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